27.03.2011 / Matthieu 22.23-33
Pourquoi Dieu se fait-il appeler le Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob ?
Abraham, Isaac et Jacob
Abraham est le premier de cette chaîne qui unit trois générations. Il lui arrive une chose bien particulière: Dieu vient à sa rencontre pour lui faire une double promesse:
- celle d'une descendance (Gn 15:5); elle se situe dans le temps;
- celle d'un pays où vivra cette descendance (Gn 15:5); elle se situe dans l'espace.
Cette double promesse est fragile. D'une part, Abraham est un étranger de passage dans le pays promis; de l'autre, le fils par qui la descendance pourra être possible ne naît que dans la vieillesse du couple formé par Abraham et Sara.
Des trois, Isaac est le père tranquille: il est le mari d'une seule femme et il ne quitte pas son pays, ce qui n'est le cas ni de son père Abraham ni de son fils Jacob.
Dieu va renouveler la promesse dans les mêmes termes qui ont été utilisés pour Abraham: Genèse 26:4 et 24, où il se présente comme le Dieu d'Abraham. Plus tard, Isaac dira à son fils Jacob: «Que Dieu donne à Jacob la bénédiction d'Abraham!» (Gn 28:4)
Pour Isaac, Dieu est d'abord le Dieu de son père.
La manière qu'a Jacob de parler de Dieu va évoluer.
Tout d'abord, Dieu est le Dieu de son père. En Genèse 27:20, en parlant à son père Isaac, Jacob dit «ton Dieu».
Dans le récit bien connu du rêve de l'échelle, Dieu se révèle comme le Dieu d'Abraham et d'Isaac (Gn 28:13).
13Le SEIGNEUR se tient près de Jacob. Il lui dit : « Je suis le SEIGNEUR, le Dieu d'Abraham, ton grand-père, et le Dieu d'Isaac, ton père. La terre où tu es couché, je te la donnerai, à toi, à tes enfants et aux enfants de leurs enfants.
Le récit de la lutte de Jacob avec le personnage mystérieux du gué de Yabboq (Gn 32:25-33) marque un tournant dans sa spiritualité: il va parler de Dieu d'une façon plus personnelle: «Dieu m'a comblé de grâces» (Gn 33: 11); «Dieu qui m'a répondu au jour de ma détresse» (Gn 35:3).
Dans l'Ancien Testament
Dans sa révélation à Moïse au buisson ardent (Ex 3), Dieu se présente à la fois comme «Je suis qui je suis» et comme le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.
Dieu n'est ni intemporel, ni abstrait: c'est parce qu'il a vécu une histoire avec ces trois hommes qu'une nouvelle histoire, celle de la libération des Hébreux, devient possible pour Moise (Ex 3:16 et 4:5).
En 2 Chroniques 30:6, il y a un appel à la conversion: «Revenez à l'Eternel, Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob!»
L’emploi de cette formule dans l'Ancien Testament veut montrer qu'une histoire entre Dieu et son peuple reste toujours possible au nom de l'histoire particulière vécue entre Dieu et trois hommes.
Dans le Nouveau Testament
Abraham, Isaac et Jacob sont mentionnés ensemble dans deux passages des évangiles :
En Mat 8.10-12, où il est question du festin du Royaume à venir auquel participent Abraham, Isaac et Jacob. Ce n'est plus leur élection qui est soulignée, mais leur insertion dans la communion des saints.
En Matthieu 22:32. C'est à propos de la résurrection que les évangiles citent Exode 3:6. La résurrection a son fondement dans l'alliance de Dieu faite déjà au début de l'histoire d'Israël, avec Abraham, Isaac et Jacob, et renouvelée avec Moïse au buisson ardent. Cette alliance ne peut se faire qu'avec des vivants; c'est cela qui justifie et implique la résurrection.
En Actes 3:13, on lit: «Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob a glorifié son serviteur Jésus.» L’important, ici, est la mention de Jésus, comme pour introduire le fait que, dans la nouvelle alliance, on va parler du Dieu de Jésus à la place du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.
Le lieu de la révélation s'est déplacé.
Sens de la formule
Je crois en Dieu qui est relation
Parler du Dieu d'Abraham, Isaac et Jacob, c'est croire que Dieu, après avoir été en relation avec ces trois hommes, veut l'être avec chacune de ses créatures.
C'est aussi la promesse que, pour chacun d'entre nous, cette relation peut exister. Je crois en Dieu qui me parle et à qui je peux parler.
De toute éternité, Dieu est en lui-même dialogue, dialogue entre le Père et le Fils qui précède toute autre forme de relation. Ce qui n’est pas le cas avec le dieu de l’Islam qui a un monothéisme monolithique.
Je crois en Dieu le Père, Créateur de l'histoire
L’histoire d'Abraham, Isaac et Jacob est l'histoire d'une paternité humaine qui nous renvoie à la paternité de Dieu.
Histoire et paternité sont intimement mêlées dans le plan de Dieu.
Nous avons là une histoire qui est une succession d'engendrements. Elle a un sens parce que son origine est en Dieu qui, de toute éternité, engendre le Fils.
Je crois dans la promesse faite à Abraham, Isaac et Jacob
Nous prenons place comme Abraham, Isaac et Jacob et avec eux dans la communion des saints. Comme eux, nous recevons une promesse que nous avons à transmettre. Elle ne nous appartient pas ; pourtant, elle concerne chacun de nous.
Mon histoire est de recevoir et de donner. Comme les pères de l'ancienne alliance, nous voyons les promesses de loin et pourtant nous avons tout pleinement en Christ (Hé Il: 13; Col 2: 10).