24 juin 2012 / Apocalypse 3.14-22
14« Écris à l'ange de l'Église de Laodicée :
La parole du Seigneur de l’Eglise s’insère dans un contexte précis. Nous avons déjà vu combien l’ambiance pouvait influencer la communauté locale. Si l’Eglise de Philadelphie avait pu être un témoin fidèle du Christ dans son contexte, celle de Laodicée a totalement perdu sa saveur.
Laodicée était bâtie au carrefour de trois grandes routes d'Asie mineure. Elle était peuplée essentiellement de Syriens et de juifs. Elle était devenue un centre commercial très important. Par ailleurs, trois activités centrales faisaient sa réputation et sa richesse : les banques, la laine et la médecine. Laodicée était un centre bancaire extrêmement riche, on fabriquait à Laodicée des étoffes et des vêtements avec la laine noire et brillante des moutons élevés dans sa contrée, et dans son école de médecine on préparait une poudre renommée pour traiter les maladies des yeux.
La ville était devenue très riche et en même temps très fière de sa richesse, à tel point qu'en l'an 60, après qu'un tremblement de terre ait détruit la ville, les Laodicéens ont refusé l'aide de l'empereur Néron pour reconstruire la ville. Sur plusieurs des édifices de cette ville, comme l'amphithéâtre, était gravée cette orgueilleuse inscription "par nos propres forces".
Une autre caractéristique de cette ville mérite d'être relevée. Laodicée ne possédait pas de source d'eau potable. Elle faisait venir son eau par un aqueduc depuis Hiérapolis. Les sources de Hiérapolis étaient des sources d'eau très chaude. Lorsque l'eau arrivait à Laodicée, après un trajet de presque 10 kilomètres, elle était devenue tiède, et la boire ainsi faisait vomir. Il fallait la laisser refroidir.
L’autre ville voisine, Colosses, possédait des sources froides, à l’eau rafraîchissante et vivifiante.
Cette dépendance de l'eau venant de Hiérapolis rendait Laodicée militairement vulnérable. Ne pouvant pas se permettre un conflit, ses habitants ont développé de bonnes relations avec tous en se montrant tolérants et accommodants, au prix, certainement, de nombreux compromis. Tout cela a contribué à forger un état d'esprit et un caractère propres aux laodicéens.
« Voici ce que déclare l'Amen, le témoin fidèle et véritable, qui est à l'origine de tout ce que Dieu a créé :
Amen est un mot hébreu qui signifie "il en est ainsi", ou "qu'il en soit ainsi" ou "certainement". Il vient d'une racine qu'on traduit par "être stable, être fiable". Jésus a utilisé ce terme à plusieurs reprises pour insister sur la véracité de ses affirmations.
Jésus nous dit qu'il est le témoin fidèle et véritable pour expliquer ce mot amen. Il est le témoin, c'est-à- dire celui qui a vu, qui a entendu, et donc celui qui sait et qui en parle avec vérité et fidélité.
Jésus est aussi à l'origine de tout ce que Dieu a créé. Il est la priorité, la primauté.
Le Seigneur est donc parfaitement compétent, parfaitement vrai et chacun de ses mots s'accomplit. Les chrétiens laodicéens n'avaient peut-être pas tous bien compris qui était Jésus, et leur tiédeur était la conséquence de leur méconnaissance du Seigneur.
15 Je connais ton activité ; je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Si seulement tu étais l'un ou l'autre ! 16 Mais tu n'es ni bouillant ni froid, tu es tiède, de sorte que je vais te vomir de ma bouche !
Comme pour les autres églises, Jésus commence avec l’affirmation qu’il connaît parfaitement la situation. Dans les autres églises, il a trouvé quelque chose de positif. Ici, à Laodicée, il ne trouve rien à mettre en valeur.
Le premier problème de cette église était qu’elle n’était bonne à rien ! Ni chaude, ni froide, elle ne guérissait ni ne rafraichissait personne !
Ces paroles se rapprochent de celles que Jésus prononçaient au sujet du sel qui avait perdu sa saveur. Il ne sert de rien.
Une Eglise nauséabonde parce qu'elle ne jouait plus son rôle dans la société. Elle provoquait le dégoût et la nausée chez son Seigneur !
17 Tu dis : “Je suis riche et j'ai fait de bonnes affaires, je ne manque de rien.” En fait, tu ne sais pas combien tu es malheureux et misérable ! Tu es pauvre, nu et aveugle.
La ville n’avait pas besoin de Rome et l’Eglise n’avait pas besoin de Jésus !
Des sept églises auxquelles Jésus s’adresse dans l’Apocalypse, Laodicée est la plus atteinte... et celle qui se sent le mieux !
Cette communauté a besoin de se voir telle qu’elle est vraiment. Jésus va l’y aider.
Une Eglise peut se sentir riche de ses longues traditions, de sa spiritualité équilibrée, de sa confession de foi vraiment biblique, de ses bâtiments impressionnants, de son aisance matériel, de ses dons extraordinaires, de ses musiciens dynamiques, de sa louange entraînantes, de ses prédicateurs fantastiques, etc...
Mais si Jésus reste derrière la porte ... ?
18 C'est pourquoi je te conseille d'acheter chez moi de l'or purifié au feu, pour devenir réellement riche. Achète aussi des vêtements blancs pour t'en couvrir et n'avoir plus la honte de paraître nu, ainsi qu'un remède pour soigner tes yeux et leur rendre la vue.
En parlant d'acheter, le Christ emploie un langage approprié aux Laodiciens à l'esprit commerçant. Il se compare à un marchand de passage dans la ville qui fait le boniment de sa marchandise en concurrence avec d'autres marchands.
1. Acheter de l’or : la valeur durable, inaltérable, symbole des vraies richesses.
2. Acheter des vêtements blancs. Laodicée était renommée pour la laine noire produite par une espèce particulière de moutons élevés dans la vallée.
En contraste avec ces habits noirs, Christ offre des vêtements blancs symboles de pureté, de fête et de justice accordée par la mort de Christ. Les chrétiens doivent pouvoir se distinguer d’une manière ou d’une autre.
3. Il conseille d'acheter un collyre pour oindre les yeux.
Le problème de la vue, du point de vue est primordiale dans le livre de l’Apocalypse. Le collyre proposé par Jésus, va permettre de voir autrement que nos contemporains.
19 Je réprimande et corrige tous ceux que j'aime. Fais donc preuve de zèle et change de comportement.
Il désire que l’Eglise se repente et le mette à la première place. C’est toujours l’amour qui motive Dieu dans sa relation avec nous.
Zèle et repentance, réengagement et réorientation, les 2 facettes d’un retour à une vie reflétant la lumière du Christ pour le chandelier à Laodicée.
20 Écoute, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je prendrai un repas avec lui et lui avec moi.
Si le Christ frappe à la porte, c’est qu’il n’a plus de relais à l’intérieur. Il est exclu. Le problème est communautaire, mais le remède est individuel, car la repentance est d’abord personnelle.
Chacun porte sa part de responsabilité dans le processus qui a laissé s’installer une porte fermée entre le Seigneur et ses disciples. Les uns après les autres, les membres de cette communauté se sont laissé gagner par la suffisance spirituelle.
Qui ouvrira la porte ? Qui se mettra à la disposition du Maître pour lui donner une entrée, pour qu’il commence à reconquérir son église ?
Si tout le monde à Laodicée se dit que c’est aux autres de prendre l’initiative, l’église meurt !
Sa venue n'est pas un fardeau, c'est un privilège pour celui qui l'invite, le dîner c'est « le symbole d'une amitié durable ».
21 « A ceux qui auront remporté la victoire j'accorderai le droit de siéger avec moi sur mon trône, tout comme moi, après avoir remporté la victoire, je suis allé siéger avec mon Père sur son trône.
Le vainqueur à Laodicée est celui qui reconnaît son besoin du Seigneur et qui l’accueil. A cette personne-là Jésus promet une place sur son trône. Il traitera le vainqueur de la même manière que son Père l’a traité, Lui le témoin fidèle.
22 « Que chacun, s'il a des oreilles, écoute bien ce que l'Esprit dit aux Églises ! »
Régulièrement, des églises ferment leurs portes. Veillons à ce que la nôtre ne disparaisse pas un jour, simplement parce qu'elle n'apporterait plus rien à la société, parce qu'elle n'aurait plus de témoignage, parce qu'elle serait devenue fade. Si un jour il nous arrivait de penser que nous sommes bien comme nous sommes, que nous avons tout ce qu'il nous faut et que nous n'avons besoin de rien de plus, s'il nous arrivait d'être satisfaits de nous-mêmes, alors prenons conscience ce jour-là que nous sommes devenus pitoyables et que nous sommes en danger.
C'est un témoignage de la grâce de Dieu que le message à l'Eglise la plus décevante se termine par une telle promesse.
Transformer une Eglise nauséabonde en une Eglise appétissante, ce n’est possible que par une ouverture au Seigneur de l’Eglise.
Ouvrons grand la porte de nos vies à la présence du Seigneur !