Ouvrir les yeux

10 juin 2012 / Jean 9

A l’occasion d’un culte qui termine le catéchisme.

Les jeunes du KT ont interprété le texte de Jean 9 selon la saynète d’Alain et Marion Combes : http://www.aventures.org/librairie/sketches.htm

Introduction

C’est un récit étrange où la guérison pose plus de problèmes que la maladie.

C’est un échange de regards sur la situation d’un homme radicalement changée par l’intervention de Jésus. Certains savent changer de vision, il sont clairvoyants, d’autres pas et s’aveuglent.

1. Le chemin vers la vue

Jésus voit l’homme, il pose son regard sur lui, c’est un regard qui crée un lien.

L’homme a reçu et a perçu un regard, une attention qui va lui permettre enfin d’exister aux yeux des autres, et à ses propres yeux.

Jésus applique de l’argile mélangé à la salive de sa bouche sur les yeux de l’aveugle. Pour faire cela, il a fallu qu’il mette un genou à terre. 

Ensuite, l’aveugle obéit à la parole de Jésus qui l’envoie se laver à la source de Siloé, qui signifie «envoyé». D’une soumission aveugle à laquelle l’avait condamné un sort obscur, l’homme passe à l’obéissance de la foi qui le conduira vers une délivrance lumineuse.

Quand il revient, il voit clair.

Au fur et à mesure du récit, il va ouvrir les yeux sur les autres, sur lui-même et enfin sur Dieu.

2. Le chemin vers la foi

Les étapes vers la foi sont autant de rencontres et de confrontations.

La confrontation avec les voisins.

Ce sont les premiers témoins de la guérison. Ils sont divisés, leurs regards sont troublés car il est difficile de faire le lien entre l’ancien mendiant tâtonnant et l’homme debout s’affirmant :  «c’est bien moi» ou «Moi je suis».

L’aveugle donne son 1er témoignage. Il parle de «l’homme que l’on appelle Jésus» et il ne sait pas où il est.

La première confrontation-rencontre aux pharisiens. 

Ils sont eux aussi sont divisés face à l’oeuvre de Dieu.

C’est le 2ème témoignage de l’aveugle guéri . Qui est Jésus pour lui ? «C’est un prophète»

La rencontre avec les parents. 

Ceux-ci ne s’engagent pas trop pour leur fils, ils ne se mouillent pas. 

Il est déclaré responsable de sa vie. C’est le témoignage de l’action de Dieu opérée dans la vie du jeune homme. Il est reconnu responsable devant les autorités religieuses et donc devant Dieu.

Ce n’est plus ses parents qui vont parler pour lui, qui vont témoigner de sa foi.

L’ancien aveugle devient de plus en plus responsable de ses actes et de ses paroles et conscient de son rôle.

La deuxième rencontre avec les pharisiens est plus solennel.

On notera que depuis ce moment, le texte parle de l’homme et non plus de l’aveugle.

Comme si, au fur et à mesure du texte, l’ancien aveugle recevait enfin une identité d’homme. Il peut répondre pleinement de sa vie aux yeux de tous, il s’affirme devant les objections.

L’ancien aveugle gagne en lucidité, il est plus clairvoyant et comprend au fur et à mesure les enjeux autour de sa guérison. Cette fois, c’est lui qui prend le ton de la conviction en affirmant qu’accomplir la volonté de Dieu c’est faire le bien avant tout.

Il n’est pas encore en mesure d’interpréter parfaitement sa guérison, mais il est le seul à pouvoir vraiment en témoigner «je ne sais pas .... mais je sais une chose ....».

Les pharisiens, qui s’estiment être les gardiens de la vérité, en sont restés au même point de vue : l’origine de l’état d’aveugle-né, c'est le péché. Ici, l’unanimité des pharisiens semblent revenue. Il sont prisonnier de la loi. C’est la mauvaise foi de ceux qui ne veulent pas voir ni croire !

Un homme a donc retrouvé la vue, mais d’autres l’ont perdue. Comme le dit Jésus dans la fin du récit, le discernement s’est renversé.

Jésus vient tout remettre en cause. Alors les aveugles voient, et les grands "voyants" sont d'autant plus aveugles qu'ils ne veulent pas le... voir ni le savoir.

La Rencontre avec Jésus.

L’ex-aveugle a vécu la difficulté de la confrontation avec le regard limité des autres. Il peut enfin croiser le regard de Celui qui l’avait vu.

Ce qui a changé pour lui maintenant, c’est qu’il sait voir au-delà, il prend confiance en lui, en ce qu’il sait. Il n’a plus besoin d’être validé par autrui. Il peut même prendre le contre-pied. Ainsi, quels que soient les obstacles, voire même à cause de ces derniers, la construction du soi intérieur se fortifie.

Au moment où l’homme, l’ex-aveugle-né, s’approprie pleinement sa propre identité, il peut découvrir celle de celui qui la lui a offerte.

Le regard de confiance posé sur lui prend enfin un visage et un nom. 

Jésus lui dit : «Tu l’as vu» et l’homme confesse pleinement sa foi : «Seigneur je crois !» en pliant le genou.

La graine semée au début du texte germe dans toute sa splendeur !

Conclusion : Dieu donne la lumière et des yeux pour voir. 

Jésus est lumière du monde parce qu'il met en lumière cet homme : il le voit et lui donne de le reconnaître.

A l'inverse, les pharisiens ne veulent rien savoir ; ils se bouchent les yeux ; ils sont victimes et coupables de leur propre aveuglement.