La série de messages «Hygiène relationnelle dans l’Eglise» est une adaptation à l’Eglise d’un article de Jeanne Farmer «Le pasteur et les relations dans l’Eglise» publié dans Les cahiers de l’école pastorale, 31, 1er trimestre 1999.
08.07.2012 / Colossiens 2.20-23
Pour un bon équilibre dans nos relations fraternelles.
Pour des relations saines.
L’Eglise, comme toute communauté (famille) peut être le lieu de beaucoup d’abus. Dans l’Eglise, c’est là que l’abus peut-être le pire car il peut se faire pour la meilleure raison du monde: celle de la prétendue volonté de Dieu.
1. "Accepter les différences"
Le fait même de pouvoir être en désaccord, voire en conflit, et de cependant rester en relation, est révolutionnaire pour quelques-uns, et c'est un puissant témoignage pour les non chrétiens.
2. La deuxième chose à faire, est d'apprendre à distinguer entre une charge - que ce soit la nôtre ou celle de quelqu'un d'autre, et un fardeau.
3. Respecter les limites des autres
a) Un nouveau légalisme
En Col 2: 20-23, Paul parle de l'attitude de jugement et de pression que certaines personnes essayaient d'imposer aux chrétiens à Colosses. De nos jours, c'est moins une question de "ne prends pas, ne goûte pas !" mais plutôt de "il faut faire ceci ou cela puisque c'est pour le Seigneur !"
Mais l'activisme peut devenir un nouveau légalisme, qui a une apparence de piété, mais qui sert à satisfaire la chair. "Plus engagé que moi, tu meurs !"
La seule personne qui peut nous dire "Il faut", c'est nous-mêmes, en écoutant Dieu pour nous-mêmes.
b) Respecter les limites des autres
Evidemment, si nous faisons respecter nos limites, il va de soi que nous ne pouvons pas faire pression sur les autres non plus.
Comme nos engagements sont librement choisis et assumés, nous devons laisser aussi aux frères et soeurs de l'église le libre choix de s'engager dans tel ou tel service aussi.
Nous ne connaissons pas aussi bien qu'eux leurs responsabilités, le temps et l'énergie dont ils disposent. Nous ne devons ni nous laisser envahir, ni envahir les autres.
S'il y a un besoin, nous en informons les autres. Ils ont besoin de ces informations, y compris de celle qui soulignera peut-être que la solution est urgente. Eventuellement nous pourrons aller jusqu'à leur demander instamment de prier quant à leur engagement. Mais c'est à eux de décider ce qu'ils vont en faire, sans que nous les jugions. Souvenons-nous de Rm 14 : ce n'est pas à nous de juger le serviteur de quelqu'un d'autre.
Je dirais que cette conception des relations dans l’Eglise, qui souligne l’importance des limites nettes, même dans les relations les plus intimes, peut être appelée simplement le respect.
Je fais respecter mes limites et je respecte celles des autres.
On peut même définir le respect comme "ne pas enfreindre les limites des autres." Il s'agit de reconnaître non seulement la valeur de l'autre, mais aussi ses capacités, notamment sa capacité de porter sa charge.
Qu'il ait l'habitude de l'exercer ou non, chaque adulte normalement constitué a la capacité et les compétences pour porter sa charge ou au moins il peut apprendre à le faire. Même les enfants ont des capacités appropriées à leur âge, et peuvent les utiliser s'ils sont motivés pour le faire.
c) Comment faire pour apprendre à quelqu'un - enfant ou adulte - à se prendre en charge ?
Il faut le laisser subir les conséquences de ses actes, calmement et sans esprit de blâme. C'est souvent beaucoup plus difficile que de crier. Mais c'est efficace si nous pouvons maintenir le cap.
Agir ainsi, déplaire à notre proche pour son plus grand bien à long terme, va nous valoir d'être critiqué et jugé. Mais c'est “ l'agapé ” qui est en œuvre.
L'agapé est l'amour qui ne trahit jamais la justice ni la vérité.
Il est le contraire de l'éros, qui cherche l'union et la fusion.
L'agape est l'amour qui ne viole jamais l'intégrité de l'autre, qui le laisse libre de répondre même si la réponse n'est pas celle qui est souhaitée.
C'est exactement comme cela que Dieu agit avec nous quand il nous dit la vérité, qu'elle nous plaise ou non, et quand il nous laisse récolter les conséquences de nos actes.
A long terme cette façon d'agir est celle qui a le plus de chance de nous apprendre à assumer nos responsabilités.
d) Rester connecté
Rester présents et calmes. Il faut comprendre que, quand nous protégeons nos limites, certaines personnes vont se sentir menacées.
Elles ne se sentiront pas aussi proches de nous, parce que pour elles, être proches veut dire ne pas avoir de limites.
Dans certains groupes, être proches veut dire avoir les mêmes opinions, faire les mêmes choses, agir de la même façon dans des situations semblables. Pour ces personnes, il va de soi que si nous comprenions leur situation, nous ferions la même chose qu'elles.
Si nous voulons un modèle de quelqu'un qui a beaucoup travaillé dans son ministère sans pour autant prendre la responsabilité pour quelqu'un d'autre, nous pouvons regarder l'apôtre Paul. Dans Ac 20. 17-35, Paul est en train de dire au revoir aux anciens d’Ephèse. Il décrit le genre de ministère qu'il a eu auprès d'eux - il avait enseigné en public et de maison en maison, il a prié et pleuré.
Mais ayant fait tout cela, il pouvait dire, "Je suis pur du sang de vous tous." J'ai fait ma part. De même, devant le Sanhédrin il pouvait dire, "C'est en toute bonne conscience que je me suis conduit jusqu'à ce jour devant Dieu." Il pouvait dire cela parce qu'il était au clair sur ce que Dieu voulait de lui, et par conséquent, ne se chargeait pas de responsabilités autres.
e) Une bonne conscience
Mais bien sûr, pour avoir dit cela, il a été frappé par les légalistes ! Une bonne conscience est presque un scandale pour quelqu'un qui veut vous rendre responsables des autres.
Un légaliste a très rarement une bonne conscience, parce qu'il se sent responsable de beaucoup de choses qu'il ne peut contrôler.
Mais "c'est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude".(Gal. 5:1)
Que le Seigneur nous aide à allier le zèle pour lui, l’engagement pour l’Eglise avec :
L’acceptation des différences, le discernement de notre charge et le respect des limites.